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Pourquoi le livre ancien?

Les Livres Anciens
Peu d’objets suscitent un engouement aussi vif que le livre ancien. Il a quelquefois traversé les siècles, connu bien des propriétaires, des pays ou des aventures. Ainsi, un livre que nous avions trouvé un jour par hasard, un tome second des oeuvres de Molière, avait été rapatrié à pied après un long périple par un capitaine de la garde de Napoléon qui l’avait sauvé du grand incendie de Moscou.
Objet passif et silencieux, pratique aussi (sous un meuble bancal), mais ô combien évocateur, affolant quelquefois toutes les imaginations, comme cette Bible polyglotte de Lejay du XVIIe siècle (hébreu, samaritain, chaldéen, grec, syriaque, latin, arabe), en dix tomes, quand même & qui déplaça bien des curieux. Le livre est patient, il peut attendre des décennies, dans un placard, une cave, un grenier, un clocher, une pièce secrète, sous un plancher… Il prend tout le temps nécessaire pour se faire découvrir, révéler ses qualités, ses particularités, ses secrets. A la seule condition de rencontrer le passionné qui saura le faire parler, l’écouter, l’apprécier.
Le bibliophile va le protéger, le choyer, le soigner. Il n’hésitera pas non plus à dépenser des sommes excessives (dix fois sa valeur dans certains cas) pour le confier à un restaurateur utilisant des instruments de chirurgie dans son hôpital du livre.
L’ouvrage peut être toiletté avec du lait, comme les reliures vélin. Il aime être nourri avec de la crème, toujours incolore pour les cuirs (disponible dans toutes les bonnes drogueries). Le livre a parfois la vie dure, il peut être orphelin, quelle vie alors pour un tome cinquième?
A contrario, certains ont eu une carrière prestigieuse, habillés d’une belle reliure signée, annotés ou enrichis d’un envoi de Flaubert ou de Malraux. D’autres sont chassés, bannis, traqués. L’Index librorum prohibitorum » répertorie les ouvrages irreligieux, érotiques, politiques ou de sorcellerie…
 

De nos jours, le livre n’est-t-il pas l’objet le plus ancien? Dans tout le fatras & les vieilleries de nos maisons, la vaisselle, les vêtements, les meubles, les bibelots, les bijoux.. qui a été le mieux épargné? Et pourquoi? Il a su se faire discret parfois, il a été méprisé souvent, rangé au nombre des “vieux bouquins” ou oublié tout simplement. Pourtant il reste le meilleur remède à l’uniformisation, à la banalisation, à la standardisation, à l’aseptisation.

 
Le libraire

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